RETOUR DE L'ACNé, SILHOUETTE QUI CHANGE... QU'EST-CE QUE LA SECONDE PUBERTé ?

Est-il possible de connaître une "seconde puberté" vers 25-30 ans ? La réponse du médecin endocrinologue.

Sur les réseaux sociaux, c'est "le" nouveau sujet qui fait parler : la seconde puberté. En résumé : des femmes âgées de 25 à 30 ans décrivent des symptômes qui rappellent la puberté – prise de poids, boutons, irritabilité, épisodes de déprime... Qu'en est-il exactement ? On a posé la question à un médecin spécialiste.

La puberté, c'est quoi exactement ?

Avant d'explorer cette notion de "seconde puberté", il faut d'abord faire un saut du côté de la puberté elle-même. "Ce phénomène naturel survient vers 10-11 ans chez les jeunes filles – il est aujourd'hui plus précoce qu'autrefois, notamment à cause de la surexposition aux perturbateurs endocriniens" explique le Dr. Pierre Nys, médecin endocrinologue.

Très concrètement, la puberté correspond au "démarrage de la fonction hormonale" résume le spécialiste. "Ça commence par les glandes surrénaliennes (que l'on appelle aussi "surrénales"), et ça se poursuit par le système hypophyse-ovaires chez les femmes et le système hypophyse-testicules chez les hommes."

Dans le sillage de cette "mise en route hormonale", la puberté se manifeste à travers des signes spécifiques. Chez la femme, on observe (entre autres) un développement mammaire, une accélération de la croissance et l'apparition de la pilosité pubienne. Chez l'homme, outre l'accélération de la croissance et l'apparition de la pilosité pubienne, on constate notamment le développement des organes génitaux externes (pénis...). "Après la puberté, la maturité de l'organisme se voit également à travers des signes plus discrets : à l'analyse d'une radiographie de la main, par exemple" ajoute le Dr. Pierre Nys.

La "seconde puberté" existe-t-elle réellement ?

Est-il possible d'observer une "seconde puberté" chez les jeunes adultes ? "Vers l'âge de 25-30 ans, le système hormonal est déjà en route depuis longtemps : il est impensable d'imaginer qu'il s'arrête puis se relance à la manière d'une machine !" réagit le médecin endocrinologue.

Pour le Dr. Pierre Nys, c'est une erreur d'interprétation qui est à l'origine de la confusion. "Les Australiens considèrent que l'adolescence dure jusqu'à 25-30 ans pour des raisons sociologiques : en effet, les jeunes adultes vivent plus longtemps chez leurs parents, ils trouvent du travail, se marient et font des enfants plus tard qu'avant... Mais cette réalité sociale ne modifie en aucun cas la réalité biologique de la puberté, qui survient vers 10-11 ans et ne se reproduit pas au cours de la vie."

Signes de la "puberté" vers 25-30 ans : qu'est-ce que ça peut être ?

Sautes d'humeur (irritabilité), prise de poids, éruptions cutanées (type acné), épisodes récurrents de déprime, troubles sexuels... Comment expliquer l'apparition de ces symptômes (qui peuvent effectivement faire penser aux signes de la puberté !) vers l'âge de 25-30 ans ?

Pour le Dr. Pierre Nys, il y a plusieurs pistes à explorer. D'abord, de mauvaises habitudes de vie : "une alimentation trop sucrée, par exemple, peut être à l'origine de troubles cutanés (boutons, poussées d'acné...) et/ou d'une prise de poids chez le jeune adulte, en particulier chez la jeune femme" souligne le médecin endocrinologue.

En effet : "l'excès de sucre modifie la fonction hépatique [le foie] et peut donc avoir un impact hormonal, avec des symptômes variés." Dans un premier temps, face à un tableau clinique faisant penser à la puberté chez le /la jeune adulte, il faut donc réfléchir à son hygiène de vie et – surtout – à son alimentation.

"Si ça ne suffit pas, un bilan hormonal (qui peut être prescrit par un médecin généraliste, par exemple) est recommandé : il peut en effet être question d'un dérèglement des ovaires, des glandes surrénales ou (mais c'est plus rare) de l'hypophyse."

Prise de poids, acné, irritabilité : et si c'était un syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) ?

"La" maladie à suspecter vers 25-30 ans chez la femme, c'est bien sûr le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK). Selon l'Inserm, le SOPK est la maladie hormonale la plus fréquente chez les femmes en âge de procréer : 1 femme sur 10 serait concernée, avec un diagnostic généralement posé avant l'âge de 35 ans.

Les symptômes du SOPK sont assez caractéristiques : on peut ainsi observer des troubles de l'ovulation (cycles menstruels irréguliers, règles rares ou carrément absentes – on parle d'aménorrhée), une hyperpilosité (chez 70 % des malades), une alopécie (chute des cheveux), de l'acné (au niveau du visage et/ou du dos)... Le diagnostic de cette pathologie fréquente repose notamment sur un bilan biologique (entre autres : un dosage sanguin de la FSH et de la LH).

"L'expression "seconde puberté" me dérange, conclut le Dr. Pierre Nys. En effet, c'est une explication simple (mais erronée !) qui peut empêcher un(e) patient(e) de rechercher la véritable cause de ses symptômes. Au nom de la "seconde puberté", on peut ainsi passer à côté d'une pathologie potentiellement grave – un syndrome des ovaires polykystiques ou une maladie des glandes surrénales, par exemple."

Merci au Dr. Pierre Nys, médecin diabétologue et endocrinologue-nutritionniste, auteur de Je m'initie à l'alimentation antidiabète (éd. Leduc).

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